MALI : Alimentation animale : LES SUBSTITUTS AU TOURTEAU DE COTON

Publié le par ANNE G

Les pâtutrages naturels sont fonction de la grande variabilité de l'espace et du temps
Les éleveurs utilisent entre autres les tiges, chaumes et sons de céréales, les fanes de niébé et d’arachide
La caricature de l’activité d’élevage au Mali présente un schéma qui repose essentiellement sur l’exploitation des pâturages naturels. 
Cette activité s’opère suivant desmouvements traditionnels de transhumance et de nomadisme en zone sahélienne. Le système sédentaire caractérise la zone soudanienne. Autour des centres urbains se développe un système sédentaire “intensif”. Les pâturages naturels sont fonction de la grande variabilité de l’espace et du temps. En fonction de leur quantité et de leur qualité, on enregistre une disponibilité de la biomasse fourragère et un faible maillage des points d’eau. Ceci explique la grande mobilité des troupeaux.
En hivernage, les pâturages sur parcours naturels sont abondants. Ils permettent une alimentation presque correcte des animaux. En saison sèche, la valeur nutritive et la disponibilité du fourrage s’amenuisent à cause de certains facteurs comme les feux de brousse. Pendant cette période, pour satisfaire leurs besoins d’entretien, de croissance et ou de production de nombreux éleveurs sont obligés d’assister certaines catégories d’animaux. Il s’agit des femelles lactantes, des boeufs de labour et des jeunes animaux avec des compléments alimentaires.
En effet, en raison des efforts de vulgarisation et de facilité relative d’utilisation, l’Aliment Bétail Huicoma( ABH) et le tourteau de coton, tous abusivement appelés “aliment bétail” sont de loin les compléments alimentaires les plus utilisés. Aujourd’hui, la crise du coton a considérablement réduit la production du tourteau. Malgré la vingtaine d’unités de trituration dont la plus connue est, l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA), la production du tourteau de coton était inférieure à 60 000 tonnes en 2008, selon les statistiques de la Direction nationale des productions industrielle et animale (DNPIA). Cette situation a bouleversé les habitudes et dicte aux éleveurs l’utilisation de sources alternatives de protéine pour l’alimentation du bétail. Ainsi, en matière de complémentation, les éleveurs utilisent les sous produits agricoles comme les tiges et chaumes de céréales, les fanes de niébé et d’arachide, les sons de céréales.
Les bons substituts au tourteau de coton en matière d’alimentation du bétail sont les tourteaux d’oléagineux comme l’arachide, le sésame, le soja et le tournesol. Mais de nos jours, la culture et la transformation industrielle de l’arachide n’est plus une pratique courante, rappelle Mamadou Dougakoro Coulibaly, directeur national des productions industrielles et animales.
Cette situation découle de la fermeture de la société d’exploitation des produits arachidiers du Mali (SEPAMA) au milieu des années 1990. Actuellement, les productions sont insuffisantes et la trituration est encore artisanale. D’autres sources de protéines sont très vulgarisées. Ce sont les légumineuses fourragères locales comme les fanes d’arachide, de niébé ou exotiques comme le stylosanthès et la dolique. A ce lot il faut ajouter les pailles enrichies à l’urée
Les formulations industrielles. Les graminées à l’état vert, au stade jeune ou ensilé apportent aussi une quantité importante d’azote. Il y a les formulations industrielles, comme le “Bu nafama” mis récemment sur le marché par les Grands moulins du Mali (GGM). Ces formulations ne sont pas une panacée et incorporent à des degrés divers le tourteau de coton, précise Mamadou Dougakoro Coulibaly de la DNPIA.
La graine de soja torréfiée mélangée aux sons de céréales se substitue, avec de bons résultats au tourteau de coton pour la production laitière.
Elle est également bien utilisée dans l’alimentation de la volaille. La production de graines de soja pour la campagne 2007/2008 est estimée à 200 tonnes à Ouéléssébougou et à 100 tonnes à Bougouni. Cette alternative mérite d’être vulgarisée au niveau de la production. La culture du sésame, initialement lancée dans les zones OHVN et CMDT est assez connue en milieu rural. Cependant, sa transformation est peu pratiquée au Mali et son tourteau n’est pratiquement pas disponible. L’essentiel de la production est destinée à l’exportation.
La culture expérimentale du tournesol a été entreprise en 2007 dans la zone Office du Niger par la société AWYT. Les résultats de ce test d’introduction qui cible la production d’huile ne sont pas encore disponibles. S’ils sont probants, la vulgarisation de cette culture et la trituration de la production de tournesol pourraient fournir à l’alimentation animale une quantité importante de tourteau, assure-t-on à la DNPIA.
Le traitement de la paille à l’urée pour l’enrichir va améliorer la qualité alimentaire des fourrages pauvres en azote. Il peut se faire par voie d’aspersion d’une solution à 1% d’urée dissoute dans l’eau ou par incubation de la paille ainsi traitée dans un silo. Elle peut être donnée aux monogastriques, les chevaux, les ânes. Elle peut nourrir aussi les jeunes ruminants que sont les veaux, les chevreaux, les agneaux.
Le bloc de melur, un excellent substitut à l’aliment bétail, est un mélange fait de mélasse (45 %), d’urée (10 %), du son de riz (30 %), du sel (5 %) et de ciment (10 %). Il est présenté sous forme de bloc à lécher facile à manipuler. Il doit être utilisé en saison sèche dans les pâturages. Mais il ne peut être donné aux monogastriques ou aux jeunes ruminants.
Le dernier né des substituts alimentaires est le “Bu nafama”. C’est un concentré alimentaire équilibré composé de céréales, de tourteau d’oléagineux, de minéraux et de vitamines. Il est destiné aux bovins, ovins et caprins. Il est présenté en quatre formulations. Ce sont l’aliment d’entretien, l’aliment pour les vaches laitières, l’aliment bovin d’embouche intensive et l’aliment ovin-caprin d’embouche intensive.
Aujourd’hui, la capacité de production de cet aliment par l’usine des Grands Moulins du Mali (GMM) est estimée à 100 000 tonnes par an. Cette quantité pourrait combler une grande partie du marché solvable actuel, selon les responsables de la DNPIA. Ces aliments nouveaux, doivent êtres vulgarisés pour généraliser leur utilisation par les éleveurs. Ainsi nos éleveurs vont réduire leur dépendance au tourteau de coton tout en gardant le même niveau de productivité. C.A.DIA
l'Essor n°16370 du – 27/01/2009  08:00:00  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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